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Le trafic sexuel, une lutte : Somaly Mam

Le Cambodge : nation de vestiges religieux et de temples majestueux qui invite l’aventurier spirituel à venir se recueillir. Les plages paradisiaques et la possibilité de trekker dans les forêts équatoriales charment l’occidental avide de dépaysement. Seulement voilà, derrière le côté glamour, se cache une réalité bien plus obscure…

Des voyages mêlant le sacré, la détente balnéaire et l’exploration, un trio très en vogue depuis quelques années, invitent à parcourir l’ancienne parcelle indochinoise. En réalité, le quotidien vécu de l’intérieur par les autochtones n’a souvent rien d’un conte de fée. La majeure partie des Cambodgiens vit dans une pauvreté rare et n’a pas accès à l’éducation. Cet état de fait prend ses origines dans l’histoire du pays : en effet, dans les années 70, l’emprise communiste des Khmers rouges sur le pays a mené à une quasi destruction de la culture et des structures sociétales. La population se retrouve alors sans ressources et le pays, encore en déficit de développement aujourd’hui, en est cruellement affecté. C’est dans ce climat que se développe un réseau de trafic humain, soit l’exploitation de personnes. Les femmes et les enfants, particulièrement vulnérables dans un environnement très misogyne, sont extrêmement touchés, en particulier par le trafic sexuel. Ces pratiques étant établies sous un régime dictatorial, l’enrôlement des enfants et des jeunes filles est relativement normalisé ; les familles ne voient pas d’alternative pour subvenir à leurs besoins. En d’autres termes, la conjoncture socio-politique au Cambodge pousse les enfants et les jeunes filles à se prostituer. Ces filles ont entre 4 et 25 ans. La plupart du temps, elles sont endoctrinées et agissent en quête d’argent ou sous la menace ; quoi qu’il en soit, elles n’ont pas le choix. Et c’est là que l’une d’elle va faire la différence… Somaly, un samouraï au grand cœur, va faire de sa vie un combat. Vendue, battue, violée, elle vit dans la peur plusieurs années durant, confinée dénudée dans une pièce, entassée avec d’autres dans une maison close, elle subit une violence physique et psychique inimaginable que je n’ose même pas décrire plus avant. C’est alors qu’un jour, un client lui tend la main pour la sortir de cet enfer et l’emmène en Europe. Sa bataille est lancée : elle retourne au Cambodge, déterminée à venir en aide à toutes ces victimes. Une, deux, trois, elle va les chercher pour les convaincre de sortir du circuit, challenge difficile face à des filles qui ne peuvent se fier à personne. Rapidement, Somaly manque de place et ouvre un centre d’accueil. C’est à ce moment-là, en 1996, qu’elle crée l’association AFESIP (Agir pour les Femmes en Situation Précaire) : une ONG qui offre refuge et soins psychologiques aux femmes sorties de l’esclavage sexuel, afin de leur permettre une réinsertion dans le monde social. Une lutte qui sera solidement soutenue par certaines personnalités et autres associations nationales et internationales, notamment la fondation Solyna, basée en Suisse, qui travaille main dans la main avec l’AFESIP et réunit des fonds qui lui sont intégralement reversés. Dans les quelques centres en place actuellement au Cambodge, on s’occupe de ces filles déboussolées et méfiantes, le plus difficile étant de leur faire retrouver un sentiment de sécurité, de leur redonner confiance en les autres et en elles-mêmes. En outre, le programme de réinsertion prévoit un encadrement qui leur confère une autonomie financière à la sortie du centre, afin de contribuer à une réhabilitation optimale. Somaly Mam, personne des plus souriantes et lumineuses, respire avec le cœur. Sa place est principalement sur le terrain, dans les bordels, cherchant à persuader les jeunes filles d’en sortir. Par ailleurs, elle se déplace pour faire connaître sa cause et chercher des fonds. C’est un après-midi, accompagnée de Sina, une ancienne victime devenue son bras droit et de la talentueuse AnnaLynne McCord, actrice américaine et pilier de l’AFESIP, que Somaly a transmis à Open magazine son point de vue, sa richesse et sa joie de vivre. AnnaLynne commence par prendre la parole, sourire radieux : pour elle, l’avenir du Cambodge est entre les mains de sa jeunesse qui a de nos jours les moyens de s’informer et d’agir. Il semble nécessaire qu’elle prenne conscience de ce fléau et qu’elle s’implique pour endiguer ces pratiques de traite humaine, récurrentes depuis des décennies. Quant à Somaly, elle explique son rôle au sein des centres. Les filles, complètement perdues, ont besoin d’un refuge sécurisant lorsqu’elles s’extirpent du circuit de prostitution forcée : « Il est indispensable pour elles d’avoir une personne de soutien, une famille de cœur. Et moi, je suis là pour être comme une maman de cœur. » Elle poursuit en expliquant qu’après un tel traitement et un passage dans un environnement totalement corrompu, les filles n’ont plus confiance en personne. Elles auront tendance à mentir, à ne donner aucune information réelle pour se protéger, à dire qu’elles ne savent ni leur nom, ni leur âge, pour ne citer qu’un exemple. Souvent, elles inventent des histoires sur leur passé. Somaly connaît trop bien ce mécanisme de par sa propre expérience. Alors elle va établir un lien de confiance avec ses rescapées. Elle les croit. Même si elle sait qu’elles mentent, elle les croit et elle les aime. Leur offrir la sécurité est son unique objectif. Elle sait qu’une fois apaisées et en confiance, c’est spontanément que les jeunes femmes confient la vérité au sein de l’association. A ce moment-ci, Somaly reste dans cette même ouverture, sans aucun jugement, pour les apaiser et les conforter dans un espace de compréhension et de confiance. Elle leur répond simplement : « Ce n’est pas grave. Je te crois et je t’aime ». Comme Somaly, les filles qui s’en sortent ont bien souvent l’impulsion d’aider les autres victimes du trafic sexuel à sortir de ces conditions. D’après Somaly, c’est un moyen à la fois de se guérir psychologiquement, de reprendre confiance en soi en apportant un soutien qui a de la valeur, en se sentant utile, et de tendre la main, comme on nous l’a tendue : « Vous savez, aider les autres, c’est s’aider soi-même ». Somaly Mam est une icône de lutte pour les droits de l’homme. Parfois controversée pour des raisons peu convaincantes, elle ne reculera devant rien dans son combat pour éradiquer le trafic sexuel au Cambodge et recueillir ces filles, ses filles. Un cœur grand ouvert, elle vit pour redonner joie et confiance à des âmes meurtries dans le besoin. Un exemple de bonté, une lumière dans les ténèbres. La question qui me reste en bouche serait alors, peut-être, comment parvenir à endiguer l’esclavagisme sexuel, but ultime de l’AFESIP et des associations alliées ? Car comme dans tout marché, la demande est une condition sine qua non à l’offre, ces enfants et jeunes filles sont donc les souffre-douleurs d’une demande. Il semble important de souligner qu’il est question de prostitution forcée dans le cas précis. Selon Chris Wolf, président de l’association Solyna, il est fondamental d’agir à la fois sur la prévention en Europe occidentale, mais aussi de collaborer directement avec la justice et le gouvernement cambodgiens. Deux axes nécessaires en parallèle des soins prodigués dans les centres. La bonne nouvelle, c’est que chacun a la possibilité d’en parler autour de soi pour faire connaître ce fléau et participer ainsi à une prévention active. Par ailleurs, se tiendra le dîner de soutien officiel de Solyna le samedi 28 mai 2016 ( ??? ) au Lausanne Palace, auquel AnnaLynne McCord et Somaly Mam en personne seront présentes. Une soirée qui portera l’espoir d’aider encore davantage ces filles démunies pour leur rendre leur liberté et les choyer.

Somaly Mam, ou la mère de toutes les victimes de l’esclavagisme sexuel. Un regard vers le ciel, elle a décidé. Croyance fermement ancrée que rien ne l’arrêtera. Un don de soi, entier, puissant, qui fait jaillir de cette femme un amour et une joie inconditionnels. Face à des femmes meurtries et abandonnées, aucun jugement mais un postulat : « Ce n’est pas grave. Je te crois et je t’aime ».

Camille Viennet pour Open The Book – Souscription: http://openmag.ch/subscribe.php

 

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