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La Terre a de la musique pour ceux qui écoutent.

« Je veux tout d’abord vous remercier pour cette opportunité d’être ici avec vous tous. » C’est ainsi que Benki Piyako, «gardien de la forêt, éveilleur de conscience», leader politique et spirituel de la communauté des indiens Ashaninka d’Amazonie, commence à nous raconter sa mission, sur la fin de sa tournée en Europe.

Ma rencontre avec Benki et son équipe fut des plus extraordinaires et inspirantes. Une humilité remarquable, un rappel à l’essentiel et un souffle d’espoir et de confiance dans un climat de changement. Une approche pragmatique et pleines de solutions pour qui veut bien les entendre.

Au Brésil, 3000 Ashaninkas sont répartis sur 4 territoires et plus de 120’000 Ashaninkas vivent au Pérou. Benki est le vice-président de l’organisation et association Apiwtxa et il est venu jusqu’ici dans le but de transmettre un souffle d’espoir, par le partage de connaissances et de son expérience, tirés des projets développés chez eux. Les Ashaninkas ainsi que tous les peuples indigènes d’Amazonie, portent sur eux une très grande préoccupation due à la destruction de la biodiversité. Mais selon eux, cette destruction n’est pas une fin en soi. Nous avons beaucoup d’options qui se présentent à nous pour développer notre histoire.

Leur peuple a été et est encore envahi aujourd’hui. Ils vivent des massacres, des meurtres, un climat menant même jusqu’au suicide de nombreuses personnes, dû à cette situation d’oppression et à la perte de l’espoir. Benki lui-même a fait l’objet de menaces et d’atteintes à sa vie à plusieurs reprises mais il n’est pas venu jusque-là pour parler des problèmes qu’il traverse lui directement.

C’est l’heure de construire nous dit-il. Beaucoup de peuples sont en train de traverser ces difficultés. Malgré les changements sur l’ensemble de la planète terre tels que l’assèchement des rivières, la mort de centaines d’espèces de poissons et d’animaux, il n’y pas de frein à la construction de barrages hydroélectriques, à la déforestation, à l’extraction minière, celle de l’or ou du pétrole et tout cela nous affecte directement.

Les Ashaninkas ont néanmoins démontré l’existence d’une solution. C’est sur leurs terres, d’une superficie de 87’250 hectares, qui ont été démarquées en 1992 et dont 25% de la superficie avait été déboisée par les propriétaires terriens, qu’ils sont parvenus à replanter plus d’1 million d’arbres. Ils ont pu récupérer les espèces des poissons des rivières, leurs cultures, leurs traditions et finalement, ils ont réussi à rassembler leur peuple, pour trouver une issue, un chemin, pour aller de l’avant, pour prendre une nouvelle direction, pour affronter notre monde actuel. Via la création de systèmes de pisciculture, d’apiculture, de culture de fruits et de légumes ils parviennent à s’alimenter. C’est ainsi qu’il exprime la richesse de son peuple. Ils utilisent leur conscience pour ne pas détruire toutes ces richesses qu’ils ont, mais au contraire, ils multiplient celles-ci, pour les générations à venir. Ce n’est pas en exploitant les forêts, en ne faisant que se servir ou qu’extraire ses fruits et en exterminant sa biodiversité que cette richesse est créée.

C’est ainsi que le centre d’échange d’expériences entre les différents peuples de la région « Yorenka » fut créé afin de munir les jeunes des compétences nécessaires pour devenir les leaders futurs et qu’ils puissent créer une durabilité sociale, économique et environnementale. Ils ont planté un million d’arbres supplémentaire en aidant les non–indigènes et autres peuples indigènes à récupérer leur histoire également.

« Il est important de prendre conscience des richesses de la terre et de travailler sur le futur pour que nous puissions en bénéficier. Il nous faut prendre des mesures pour compenser les extractions en cultivant, en semant en quantité suffisantes, afin de subvenir aux besoins des générations à venir, la survie de notre espèce en dépend. Tout ne peut pas être transformé en commerce parce que la terre est entièrement liée à notre vie. »

Les peuples Ashaninka de par leur expérience avec la nature ont appris que ce n’est pas avec la guerre que nous allons atteindre le bonheur, que ce n’est pas avec la destruction que nous allons être heureux, que ce n’est pas en fabriquant des bombes que nous pourrons prétendre avoir de l’amour.

La clé serait l’union de toutes les connaissances que nous avons sur terre, celles de la science, de la spiritualité et l’utilisation de la technologie, qui pourrait devenir un outil de développement.

Ce que j’ai retiré vraiment des interactions lors de cette soirée est ce besoin urgent et vital de faire face à la réalité que nous traversons, d’unir les forces, dans la paix, l’amour et l’espoir, par la collaboration et les échanges, à une échelle globale. Tant de personnes aujourd’hui s’engagent déjà pour le bien de notre Terre mère. Nous nous préparons à un grand changement, éveillons-nous et agissons ENSEMBLE, parce que nous avons tous quelque chose à apporter.

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