De : Wedischer Rundblick (Télégramme)
Mes chers, je ne voulais pas vous cacher cette vision. Si nous le souhaitons et l’imaginons du fond de notre cœur, elle se réalisera :
Mon plus jeune fils rentre de l’école en courant. Je l’entends de loin, il saute et chante, parfois il redevient silencieux pendant un moment et je sais alors qu’il vient de s’arrêter pour regarder une plante qu’il étudiait en classe plus tôt. Ou de lever les yeux vers le ciel, d’un bleu éclatant, et de se demander à quoi ressemble le nuage qu’il a vu.
« Maman, maman », crie-t-il, « nous avons encore fait une grande chose aujourd’hui. Nous avons étudié de nouvelles herbes médicinales à l’école qui aident à soulager les maux de ventre. Je te montre ? » Je le regarde et mon cœur voudrait éclater de joie et d’amour. Son petit visage s’illumine de bonheur, il dégage une énergie et une vitalité irrépressibles.
« Bien sûr, mon coeur », je lui dis. « Où est ton frère alors ? » « Oh » répond-il, « il voulait aller chez Noah, des bébés veaux y sont nés encore ce matin ».
« Bien », dis-je et je prends mon petit dans mes bras. « on mangera alors tous les deux » Mon compagnon est toujours sur la route, un jeune couple se construit une maison et tout le monde les aide, nous travaillons ensemble.
Pour le déjeuner, nous préparons une casserole de pommes de terre, avec des légumes de notre jardin. Nous cultivons presque tout nous-mêmes, notre sol est propre et riche en nutriments. Et ce que nous n’avons pas nous-mêmes, nous l’échangeons avec nos voisins, qui sont aussi nos amis. Parce que l’argent, nous l’avons aboli, il est devenu inutile. De temps en temps, je trouve encore un billet de l’ancien temps plié dans un prospectus.
La viande est très rare chez nous. Nous n’aimons plus cela, le temps où nous exploitions et torturions d’autres êtres vivants pour nous est révolu. Seulement de temps en temps, quand un animal est mort, il se retrouve comme un repas sur la table, les hommes y sont encore un peu attachés.
Nous puisons notre eau dans les sources qui sont partout, elles sont pures et on peut tout boire sans hésiter. Les maladies ont beaucoup diminué depuis que nous avons cessé d’utiliser des produits chimiques et nos anciens s’endorment paisiblement et sans agonie à un âge raisonnable. Et plus jamais aucun d’entre eux n’est seul.
En général, nous nous occupons tous ensemble des personnes âgées de notre village. La communauté, c’est la chose la plus importante dans notre village. On s’entraide, chacun selon ses possibilités, personne n’a faim, personne n’est sans abri, chacun a de la compagnie quand il en a envie.
Après le repas, mon petit tourbillon se lève à nouveau et court dans la forêt, à côté de laquelle se trouve notre maison. Nous y pratiquons le tir à l’arc l’après-midi, entre autres choses. Heureux de sa joie, je le regarde s’éloigner.
Nos enfants grandissent heureux, en harmonie avec la nature et oui, ils aiment l’école. Il n’y a plus d’horaires fixes à l’école, chaque enfant vient quand il a fait la grasse matinée et part comme il veut. Et pourtant, ils deviennent des humains sûrs d’eux, forts, car on leur enseigne des sujets qui sont vraiment importants pour le développement de l’humanité.
Les notes scolaires… ? Nous n’en avons plus besoin. Chaque enfant est très bien comme il ou elle est, nous le savons et nous n’avons pas besoin d’un bulletin de notes pour cela.
Satisfaite, je jette un autre coup d’œil à notre petite maison colorée et amoureusement meublée et je la quitte sans fermer à clé. Pour quoi faire ? Chacun de nous a assez, personne n’a plus besoin de prendre quoi que ce soit à l’autre.
En chemin vers le centre du village, où le soir il y aura un feu de joie avec des chants et des danses pour tous ceux qui le souhaitent, je repense brièvement au temps passé…
Comme tout a changé ! Il s’est passé beaucoup de temps depuis l’époque où les gouvernements et les pouvoirs étatiques existaient encore. Mais nous avons réussi, avec beaucoup de bonnes personnes qui ont réalisé que la vie d’avant n’était pas celle que nous devions vivre…..
Oh, j’oubliais, le pays dans lequel nous vivons a un nouveau nom. Nous l’avons baptisé : Freeland.
