Texte : Yves Vionnet
Une partie de la solution – Une open letter
Le 4 mai 2014, plus de 35 000 personnes représentant 32 pays ont couru pour ceux qui ne peuvent pas afin de réunir des fonds pour la fondation Wings For Life qui soutient la recherche sur les lésions de la moelle épinière. Le départ universel était à 10h, c’est-à-dire 12h en Suisse à Olten.
Les frais d’inscriptions ont été entièrement reversés à la fondation.
Parmi les coureurs, des célébrités : Mark Webber, Robby Naish, Mick Fanning et bien d’autres. En tant que personne qui ne peut pas courir, ces trois-là m’ont touché, car je les connais et j’admire leurs compétences sportives. Mais c’est surtout les 35 000 autres qui m’ont touché le plus, car un dimanche matin ils ont donné 40 € pour courir le plus loin possible, pour nous.
Ils ne sont pas les seuls à se mobiliser, beaucoup d’entre vous donnent pour la cause.
Wings For Life est l’une des plus grandes fondations pour la recherche sur la moelle épinière. Elle s’est mise en place suite à la paraplégie du fils de Heinz Kinigadner champion de motocross et ami proche de Dietrich Mateschitz, le milliardaire de Red Bull. Sur leur site internet, les informations sont claires sur les projets qu’elle soutient.
Talonnée par la fondation Christopher Reeve (l’acteur de Superman devenu tétraplégique et décédé depuis) elles sont nombreuses ces fondations à soutenir des projets de recherches à travers la planète. Mais parfois le manque de stratégie et de coordination disperse tout leur potentiel.
Mais on en est où avec la recherche, avec tous ces projets qui apparaissent et disparaissent ? Demandez l’avis à un donateur, il ne saura pas vous répondre.
A part la difficulté de la tâche (la moelle épinière est un organisme complexe) plusieurs éléments perturbent l’opportunité d’une solution qui nous fera remarcher : le manque de partage, les quêtes personnelles et financières, la dispersion, les égos…
Conscient de ces problèmes tant au niveau de la recherche qu’au niveau des centres de réhabilitation et de récupération, j’ai essayé d’approcher ces deux grandes fondations en leur présentant un projet simple. Un endroit neutre qui met en application et coordonne ce qu’il y a de meilleur sur la planète pour la récupération : des entraînements intensifs en lien direct avec des projets de recherche et thérapeutiques prometteurs, et surtout qui travaille directement avec les personnes intéressées : les blessés médullaires.
Silence du côté de la fondation Reeve.
Chez Wings For Life la directrice m’explique aimablement qu’ils n’aident que pour des projets de recherches. Je demande si mon projet peut arriver aux oreilles du grand patron pour un entretien : “Non, malheureusement M. Mateschitz a déjà donné pour un hôpital en Autriche”.
Et du côté suisse ? Rien de plus de la part des entités de la recherche. La Fondation Suisse des Paraplégiques me répond que le projet n’est pas viable, selon eux.
Un docteur en suisse allemande a fait plusieurs fois de la publicité d’une page complète dans les journaux : “arrêtons la recherche sur les lésions médullaires, depuis toutes ces années cela ne mène à rien, à part faire souffrir les animaux”.
Il n’a pas tout tort pour les animaux. Je les ai vu souffrir. Malgré la difficulté pour régénérer une blessure de la moelle épinière et sans aller jusqu’à arrêter la recherche, la solution est cependant à la portée des compétences et des ressources actuelles.
Les choses devront néanmoins être profondément bousculées pour y parvenir. Seul un concept révolutionnaire et inattendu pourra le faire et bien souvent ce sont ces projets non conventionnels qui apportent LA solution.